mercredi 23 avril 2014

Fabrice Pascaud

LA QUÊTE 
 
à Yann Fabre.

Parti de rien pour aller nulle part
il avait toute la vie à ses pieds
-elle roulait dans ses habits de brume-
Touché par la geste des cieux
Il se croyait d’ailleurs alors que son corps le précédait
Un lointain écho lui parlait de sa cicatrice au ventre
Un long, immense et fracassant rire lui crevait la cervelle.
Parti de rien pour aller nulle part
toutes les routes du monde sillonnaient ses veines
et la voix de l’absente hantait ses songes
et le souffle du sommeil balayait ses empreintes
Parti de rien pour aller nulle part
Ayant cru à force du trop de certitudes
ses longues mains spectrales fusaient dans sa crinière
ses longues foulées d’avant-naître le poussaient
et il allait seul dans la foudre des plaines pétrifiées
dans les cendres creuser les entrailles de son ombre
-là, se terrait sa vérité silencieuse. Les initiales de sa présence.-

Parti de rien pour aller nulle part
il se savait être sa propre Destinée-destination


Fabrice PASCAUD 
 Yann Fabre, L'homme qui mesure les nuages

mardi 15 avril 2014

Marc Kober


L'OPIOMANE 1: BOUTEILLE DE SOJU

Pour l’ami qui nous convie au tartare coréen
J’écume les poulaillers et les Fauchons du triangle
De l’avenue d’Ivry et de l’avenue de Choisy – en vain
Enfin, l’ « Exostore » au nom bien sonnant
Délivre la secrète liqueur de riz distillé par Jinro Soju Limited
« depuis 1924 » à l’enseigne du crapaud assis
Chamisul fresh soju se dit frais (fresh) malgré ses 19,5° avec
Une tache bleue et une transparente goutte de fraîcheur s’épanouit sur ce bleu
Un employé en chemise et cravates sur un col ouvert
Se réjouit sur fond de bambou vert
Les caractères en hangul qui posent leur tracé vertical à l’encre noire
La transparence de l’eau sous le verre de la bouteille qui s’embue
Sont faits pour l’œil
La seconde bouteille à l’enseigne du crapaud bleu est longue et droite
Ornée d’une calligraphie qui semble une virgule ascendante
L’encre a été bue par le papier et bave du gris sur l’ovale bleu
18,5° titre ce flacon à l’écriture artiste
Sa légèreté relative en alcool le destine peut-être aux nouvelles générations
Et aux filles
Justement celle-ci sur l’étiquette au verso met en garde ses sœurs
Aux longs cheveux noirs
Contre la consommation d’alcool pendant la grossesse
Mais sa silhouette sexy sur fond de paysage flou appelle plutôt le mâle coréen
A un acte génésique aussi impétueux qu’inconscient
Le troisième flacon n’appelle pas de commentaires
Puisqu’il s’agit de la ronde boisson standard à 25° qui s’intitule sobrement Jinro
Et que l’on retrouve dans tous les assommoirs de Séoul et d’ailleurs
 

MARC KOBER

Bouteilles de soju

Pour l’ami qui nous convie au tartare coréen
J’écume les poulaillers et les Fauchons du triangle
De l’avenue d’Ivry et de l’avenue de Choisy – en vain
Enfin, l’ « Exostore » au nom bien sonnant
Délivre la secrète liqueur de riz distillé par Jinro Soju Limited
« depuis 1924 » à l’enseigne du crapaud assis
Chamisul fresh soju se dit frais (fresh) malgré ses 19,5° avec
Une tache bleue et une transparente goutte de fraîcheur s’épanouit sur ce bleu
Un employé en chemise et cravates sur un col ouvert
Se réjouit sur fond de bambou vert
Les caractères en hangul qui posent leur tracé vertical à l’encre noire
La transparence de l’eau sous le verre de la bouteille qui s’embue
Sont faits pour l’œil
La seconde bouteille à l’enseigne du crapaud bleu est longue et droite
Ornée d’une calligraphie qui semble une virgule ascendante
L’encre a été bue par le papier et bave du gris sur l’ovale bleu
18,5° titre ce flacon à l’écriture artiste
Sa légèreté relative en alcool le destine peut-être aux nouvelles générations
Et aux filles
Justement celle-ci sur l’étiquette au verso met en garde ses sœurs
Aux longs cheveux noirs
Contre la consommation d’alcool pendant la grossesse
Mais sa silhouette sexy sur fond de paysage flou appelle plutôt le mâle coréen
A un acte génésique aussi impétueux qu’inconscient
Le troisième flacon n’appelle pas de commentaires
Puisqu’il s’agit de la ronde boisson standard à 25° qui s’intitule sobrement Jinro
Et que l’on retrouve dans tous les assommoirs de Séoul et d’ailleurs
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